J’ai eu un burnout modéré

Hello moussaillon !

Bon j’avais quand même besoin d’en parler, même si c’est pas forcément positif, mais j’ai fait un Burnout modéré en 2020. Alors je ne fais pas cet article pour qu’on me mousse sur les réseaux sociaux ou pour avoir des messages du genre “Oh ! Je savais pas, bon courage et remets toi bien sur pied”. Clairement, c’est plus pour vous parler de ce que j’ai vécu et que je continue d’essayer de soigner.

Alors je sais que certains de mes amis vont le lire et voici aussi quelques explications sur mon “absence” de ces derniers mois. Cet article n’aura pas beaucoup de fun et risque même d’être assez triste, je comprendrais parfaitement que vous ne le lisiez pas.

Une lente descente aux enfers

Première chose, j’aimerais juste définir ce qu’est un burnout modéré. Un burnout (aussi appelé Syndrome d’épuisement professionnel) est une combinaison de plusieurs facteurs lié au travail (surcharge de travail, stress, fatigue, désintérêt), aux événements personnels et aux conditions qu’une personne peut rencontrer. Dans mon cas, on va dire que le travail à été un l’un des éléments majeurs en 2020, dans ma descente aux enfers.

J’ai subi d’autres choses qui ont fait que cette année à été très dure pour moi. La première, que je pense que tout le monde connaît, c’est l’arrivée de ce cher virus qu’on va appelé “Coco” (Covid-19). Coco à réussi à modifier ma manière de vivre et surtout ma façon de penser. Pour ceux qui me savent, je suis quelqu’un qui aime voir les gens, profiter de la vie avec eux en les voyant, en sortant manger, en sortant boire un verre, sortir faire une activité. Bref, j’ai besoin de contact humain pour me sentir bien (du moins avant cet incident).

Depuis le premier confinement, j’ai du m’isoler du jour au lendemain, sans pouvoir sortir me changer les idées. Alors oui, je peux quand même sortir pour marcher un peu, mais j’ai du mal à faire un truc si il n’y a pas un résultat derrière. Pour moi, marcher seul ne m’intéresse pas. Reprenons, j’ai donc du m’isoler, comme l’ensemble de la France, quasiment du jour au lendemain. “Ne sortez pas” “Faites attention à vos proches” “Nous sommes en guerre” : des mots que jusque là je n’aurais jamais pu imaginer. Comme quelqu’un de responsable, j’ai réduit mes sorties au maximum pour aller au bureau (car la production continuait malgré tout et je suis au support) et aller faire mes courses. Mes seuls contacts humains étaient les visios avec ma famille et mes amis. Mais au fond de moi, ce n’était pas assez.

Je pense que certains ont vécu ou vivent encore cette impression de voir que l’homme est devenu une réelle menace pour notre “survie”. Je me rappelle encore mettre mes gants, mon masque, mettre des fringues juste pour aller faire les courses, rentrer des courses et mettre mes fringues au linge avant de sauter dans la douche pour me “désinfecter”. Ce message qu’on nous dit au quotidien : “faites attention aux autres pour ne pas attraper le virus et surtout ne pas le transmettre” est un calvaire pour moi qui adore observer les gens.

C’est ainsi que je ne sortait plus, que je ne voyais plus mes parents, ni mes amis, ni mon association : en gros personne. J’ai donc développer au fur et à mesure des semaines (puis mois), une crainte de l’Homme. Comme si mon cerveau s’était programmé en mode “gens = menace”. Le problème … c’est que j’ai appliqué ça à beaucoup de gens et notamment mes amis. J’ai donc pris de la distance car je ne voulais infecter personne, puis pour ne pas faire perdre du temps aux gens puis … me retrouver complètement seul pour éviter d’être une source de problèmes. Je suis même arrivé au fait que je me faisais passer pour le méchant auprès de proches pour leur dire de respecter les règles, de ne pas se voir IRL : bref j’essayais de faire respecter les règles pour que tout soit rapidement du passé.

J’ai eu cette chance d’avoir Akiko qui m’a rejoint en Septembre et qui à fait que mon quotidien soit moins oppressant, mais tout le début d’année a consolidé cet état d’esprit dans mon crane. Alors je ne vais pas le cacher, quand cet été nous avons pu sortir, j’ai profité de quelques moments avec mes amis pour sortir boire un verre et manger un morceau. Tout en gardant à l’esprit que le virus est toujours là et que je devais faire attention. Je parlerais du second confinement un peu plus tard, afin que vous ayez une chronologie de mon état d’esprit.

Viens ensuite un autre évènement majeur qui m’a beaucoup affecté surtout pendant cette période de Coco : le développement d’un cancer chez ma mère. Alors, je désamorce la bombe tout de suite : elle est soignée et normalement pas de soucis (sauf si elle ne me dit pas tout). Le problème c’est qu’elle m’a annoncé cela peu avant le début du Coco et que tous ses soins se passaient durant la période de confinement. Il m’était donc impossible pour moi de pouvoir la supporter dans cette épreuve aussi bien que j’espérais le faire. J’étais donc juste la, à pouvoir l’aider à distance. Je me suis permis de temps à autre d’aller la voir, en allant lui faire quelques courses et en les lui ramenant. Mais c’est vrai qu’à ce genre de moment j’aurais aimé la prendre dans mes bras et passer du temps avec elle. Je n’ai pu l’aider que via un téléphone et … je suis désolé de le dire … je regrette de ne pas avoir transgresser les règles pour aller la voir plus souvent à la maison (tout en faisant attention à ne voir personne d’autre).

Après, comme je l’ai déjà dit, mais couper toute ma vie sociale du jour au lendemain à pu me briser émotionnellement et c’était pas facile à vivre. Anecdotes (drole ou pas, à vous de voir), je me suis fâché contre le livreur lors de la livraison de mon collector de Persona 5 Royal. Le jeu a eu du retard et je ne l’ai pas eu le jour de la sortie. J’étais profondément frustré et j’ai passer ma journée telle un lion en cage dans un zoo. Je regardais par la fenêtre à espérer que le livreur vienne. Pour qu’au final, je n’ai pas été cool avec lui. Je tiens à préciser que d’habitude je suis méga cool avec eux et super respectueux. Mais cette fois j’ai “pété un câble” et je m’en veux encore pour dire (pauvre livreur).

Passons maintenant à la cerise sur le gâteau, ce qui m’a entrainé encore plus dans les limbes de la depression : le boulot. Ceux qui me connaissent un minimum, vous savez que je suis au support informatique de mon entreprise et je règle grosso modo les bobos d’ordinateur et de réseau de l’entreprise. Cela fait 11 ans au moment ou je vous écris, que je suis au support (depuis Septembre 2009). 11 années à supporter la pression, les boulettes et le mépris de beaucoup d’entre eux. On va dire que la boulette n’est pas la pire chose dans ce métier : c’est le mépris et la pression que je peux subir au quotidien afin que tout le monde soit content.

Alors je tiens tout de suite à préciser : je suis bien dans l’équipe dans laquelle je suis. Ce sont juste les gens externes à mon service qui peuvent me rendre dingue. Bref. Je pense que la situation du Coco à rendu beaucoup de gens impatients, irrespectueux et intolérants à la patience. En discutant de ça de temps à autre avec d’autres personnes ayant un travail de service, j’ai pu le constater que ce n’était pas que à mon travail que les gens étaient impatients. Il faut savoir une chose, c’est que quand vous ouvrez un ticket à un support quelconque (magasin en ligne, technicien ou autre), nous faisons le maximum pour satisfaire votre demande. Malheureusement, les réponses ne tombent pas forcément du ciel et ça peut prendre du temps de trouver une solution à votre problème … mais aussi aux nombreuses personnes ayant aussi des soucis. Partons juste sur une simulation pour vous faire imaginer : 15 tickets sont tombés dans une journée et pas de bol, ce sont des complexes (qui demandent environ 1h de travail sur chacun). Cela fait déjà 15h de travail dans une journée. Additionnez cela avec les jours suivants et vous arrivez avec une liste qui ne diminue jamais (sauf si vous êtes en effectif conséquent). Vous subissez donc des demandes qui peuvent attendre plusieurs jours avant de pouvoir vous attaquer au sujet. Je ferme cette parenthèse.

Bref, je subissais de plus en plus de pression de “menaces” disant : “Je vais en parler à la direction si ce n’est pas traité avant demain”. Quand vous entendez ça plusieurs fois par semaine alors que vous vous démenez pour rendre tout le monde heureux, je pense qu’il y a moyen de faire vriller. Cette phrase est clairement un message de type “Tu n’es pas assez efficace”. A nouveau, je pense que tout ceux qui travaillent avec moi (aussi bien perso que pro), savent que je fais le maximum pour que le travail soit le meilleur possible et dans les attentes de chacun. Se sentir inefficace aux yeux des autres est quelque chose qui me bouffe et que je n’accepte pas.

C’est ce sentiment qui à fait que … j’en suis arrivé à une situation ou je n’avais plus envie de me lever le matin, que je pleurais le soir en finissant mon travail, que je continuais à travailler dans ma tête malgré que la journée de travail soit terminée, que j’avais de plus en plus de mal à prendre du plaisir dans quoi que ce soit. Ce qui m’a clairement fait comprendre que quelque chose n’allait pas, c’est lors de l’annonce du second confinement le 28 Octobre. Je me suis mis à pleurer comme si je venais de perdre quelque chose. J’ai senti comme une cassure émotionnelle. Je venais d’être cassé …

Il fallait que je me fasse aider.

J’ai été diagnostiqué en Burnout modéré

03 Novembre 2020 : jour de mes 32 ans. J’arrive enfin à avoir un rendez vous chez le médecin après quelques jours d’attentes. Je prends place dans le cabinet du docteur et réponds à plusieurs questions du docteur.

Il faut savoir qu’à ce moment là, je pensais avoir pris du poids, me grattais l’arrière du crane jusqu’au sang et était à fleur de peau. Mon docteur fais quelques tests complémentaire pour vérifier aussi le reste de mon corps, ainsi qu’une prise de sang planifiée pour 2 semaines plus tard.

La sentence tombe : elle me diagnostique en burnout modéré. Alors vous allez peut être vous demander ce que c’est : j’étais clairement à la dernière limite avant d’avoir un burnout complet. Étant donné qu’il me restait encore un peu de travail et que je ne voulais pas laisser mes collègues de mon service dans la merde, j’ai demandé à finir ma semaine étant donné que j’étais en congés quelques jours après.

J’ai donc eu une prescription d’anxiolytiques afin de pouvoir retrouver une certaine sérénité. La dose que j’avais n’était pas violente, mais suffisamment puissante pour que je puisse “débrancher” mon cerveau et finir ma semaine de travail.

Note un peu plus légère, je n’ai jamais consommé quelconque drogue, mais si l’expression “planner” était ce que j’avais … Bah mon médicament c’était de la bonne ! J’ai été sous médicament (Seresta) une semaine le temps de me calmer et de retrouver une certaine forme de sérénité. Mes vacances de novembre ont été clairement un moment rien qu’à moi. J’essayais de retrouver une certaine forme de vie sans prendre tout à mal. Mais sortir de cette anxiété et cet état d’esprit ne se fait pas en une semaine.

Et aujourd’hui ?

Concrètement, au moment ou je vous écrit ce texte (Mars 2021), je ne suis pas encore 100% confiant en moi et j’ai toujours cette “anxiété” de croiser des gens hors de mon cercle proche. On va dire que l’environnement global fait que nous sommes toujours dans une situation anxiogène. J’essaie d’appréhender mon travail autrement et de faire en sorte de ne plus me laisser submerger. Malheureusement, le comportement égocentrique et mauvais de certains qui ont pu me faire vriller ne pourra malheureusement pas être changé. C’est à moi de prendre du recul (même si actuellement je rentre un peu plus dans le tas) et de réussir à ne pas prendre personnellement les remarques que l’ont peut me faire.

Si je peux donner quelques conseils, mais attention ce sont des conseils personnels, pas médicaux, c’est d’essayer de vous mettre à la place de la personne qui vous aide ou qui travaille avec vous. Personne n’est parfait et l’erreur est humaine. Essayez de faire passer les messages sans forcément arriver directement aux menaces, les gens face à vous sont humains et ne supportent pas forcément ce genre de situation.

D’un autre côté, si vous vous sentez mal dans votre peau, triste ou énervé une majorité du temps, fatigué une bonne partie du temps : parlez en vite. N’attendez pas et ne faites pas comme moi (quelle tête de mule je suis) qui garde tous ses sentiments enfouis au maximum. Parlez en à des gens qui sont proches de vous et sinon parlez en à votre médecin. Plus vous attendez, plus vous mettrez de temps à vous en sortir.

Mon docteur m’a conseillé de bien prendre des pauses durant le travail (même si pour honnête, dans certains jobs c’est compliqué), d’essayer de marcher ou faire un sport, de discuter et prendre du temps pour soi le soir et surtout de profiter des congés au maximum. Pour être honnête je suis content que j’avais quelqu’un (d’attentive et attentionnée) qui m’écoutait le soir et me consolait. Autre chose que mon docteur m’a conseillé : c’est de pratiquer de la sophrologie ou de la méditation. Étant donné que je n’avais pas les moyens pour la sophrologie (toujours pas remboursée par la sécurité sociale et les mutuelles) je suis parti sur la méditation. J’utilise aujourd’hui Petit Bambou sur mon smartphone et Headspace sur Netflix. Se soigner prendra du temps et dès que ça ne va pas, essayez de vous prendre quelques minutes pour ça.

Je reviendrais fort, comme j’ai pu l’être en 2019, toujours avec 10 000 idées car je n’arrive pas à rester sans avoir un projet en tête. Je m’excuse aussi par ailleurs auprès de mes amis si je n’ai pas été à la hauteur pour eux durant cette phase, je reviendrais bientôt en pleine forme. J’ai juste encore besoin d’un peu de temps.

Dans tous les cas, je vous souhaite beaucoup de bien, prenez énormément soin de vous et de ceux qui vous entourent.

Je retourne finir de me soigner correctement et vous dit à bientôt pour un article un peu plus “léger” et fun.